Jean écrit :
La meilleure façon d’apprendre est de vivre l’expérience. L’école de la vie !!!
S’il y a une chose que j’ai apprise au cours des 6-7 dernières années pour justement l’avoir vécu, c’est qu’il y a toujours deux côtés à une médaille. Le jugement est trop souvent le propre de ceux qui décident, volontairement ou pas, de se limiter à un seul côté de la médaille. La compréhension est, à l’opposé, le propre de ceux qui, tôt au tard, se donnent la peine d’analyser les deux côtés de la médailles. Les solutions ne sont pas pour autant plus faciles à trouver mais le second a le mérite de donner plus d’éléments de réponses que le premier. Aussi, c'est en se donnant la peine de voir les deux côtés de la médaille, de comprendre tous les points de vue, qu'on se rend compte que nos problèmes sont souvent ... mineurs vs les vrais problèmes de la vie.
Nous avons beaucoup écrit depuis notre arrivée sur ce que nous, voyons, sentons, mangeons; de ce que nous vivons ici au Kazakhstan. Il est normal qu’à prime abord, ces éléments extérieurs aient attirés notre attention car ils furent les premiers auxquels nos habitudes occidentales aient été «confrontées». Je dirais donc que nous avons jugé en nous limitant à une seule vue (un seul côté de la médaille) de cette nouvelle et percutante réalité qui nous entourait.
Mais une fois installés, une fois notre «petit chez nous» copié-collé, nous pouvons maintenant prendre le temps de mieux comprendre, ne serait-ce qu’un tout petit peu, les dessous non seulement de ce que nous voyons en terme matériel mais aussi, et surtout, en terme humain.
Un peu d’histoire … le plus important côté de la médaille
Le Kazakhstan fut depuis les temps les plus anciens parcouru par des populations nomades turcophones : les Kazakhs. Des chasseurs et des éleveurs tentant de survivre sur de vastes territoires disputés entre la Russie et la Chine … la Russie ayant finalement eu le dessus. Proclamé république suite à la Révolutuon de 1917, le Kazakhstan est incorporé à l'Union Soviétique. À la suite de multiples tentatives de sédentarisation des populations nomades qui peuplaient historiquement la vaste région, une famine terrible décima la population durant les années 1931-1933. Dans les années suivantes du régime stalinien, le Kazakhstan devient une destination pour de nombreuses déportations et évacuations de guerre. Plus tard, le Kazakhstan devient le site de plusieurs ambitieux projets soviétiques réussis dont le site d'essais Semipalatinsk et ses laboratoires nucléaires. À la suite de l'entente des dirigeants des trois républiques slaves pour dissoudre l'Union Soviétique, le Kazakhstan proclame son indépendance en décembre 1991. Les dures années suivantes voient une émigration importante, notamment de nombreux non-kazakhs qui se sentent écartés des situations de hautes responsabilités. Depuis, la situation économique se stabilise lentement … toujours à l’ombre des années sombres et dominantes du régime communisme russe.
Impact
À quel moment de son histoire le Kazakhstan a-t-il donné à ses ancêtres et à ceux qui occupent aujourd’hui ses terres la chance de sourire, d’être et de se sentir libre d’actions et de paroles ? Ici, l’héritage des ancêtres se sent, se voit : mains gercées, regards sévères, absence permanente de sourire et encore pire, le silence.
Pour ceux et celles qui suivent ce qui se passe actuellement en Russie avec les élections présidentielles (1er décembre 2007), la loi de la terreur persiste et le silence est le passe-partout de la paix sociale. Vous aimez Poutine : ne le dites pas! Vous n’aimez pas Poutine : ne le dites pas (encore moins!!!). Une attitude qui, par habitude du passé, est copiée-collée ici même au Kazakhstan, à tord ou à raison. Que le pays soit gouverné par un inconnu (à nos yeux occidentaux) comme le président actuel ou qu’il le soit par un adepte reconnu de la démocratie, l’histoire des habitants de ce petit pays est encore trop ancrée dans la peau, les veines et l’esprit de ses habitants pour espérer voir ceux-ci s’épanouir et sourire à la vie. Pas aujourd’hui et je ne vois pas quand demain … mais je n’ose pas dire jamais.
Notre point de vue va donc, aujourd’hui, au-delà du jugement. Le début de compréhension que nous entamons est et devra être, pour nous comme pour notre enfant, en perpétuel mouvement. En l’adoptant, nous croyons dans le plus profond de nos cœurs lui offrir un bien meilleur environnement où il pourra s’épanouir librement. Mais il ne faudra jamais oublier qu’il laisse derrière lui un héritage avec un coté de médaille brut et rugueux.
Jean
dimanche 2 décembre 2007
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2 commentaires:
les deux côtés de la médaille...ce sont de belles réflexions sensibles et porteuses de tolérance...
C'est beau ce que tu ecrit Jean a propos des deux coté de la médaille. Heureusement parce qu'il est trop petit, Noah n'aura pas connu ce pays gris et sans sourire. Quand il montera a bord del'avion qui l'emmenera au Canada il ne sera plus deja Kasak mais Canadien avec devant lui un avenir des plus prometteur.Kim et toi etes allé la bas pour offrir a Noah vos bras,votre amour etun pays. Ce sera son premier coté de médaille. Un jour quand il sera en mesure de savoir il connaitra l'autre coté..celui du pays qui l'a vu naitre et il comprendra. Kim et Jean ce que vous accomplissez est beau,grand et noble.
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